Notre présidente de la CNFO Julie Lutete, en pleine campagne électorale provinciale, a pris le temps de donner une entrevue sur sa candidature au Journal Le Droit. Voir l’article publié

Notre présidente de la CNFO Julie Lutete, en pleine campagne électorale provinciale, a pris le temps de donner une entrevue sur sa candidature au Journal Le Droit. Voir l’article publié


ÉLECTIONS EN ONTARIO

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13 mai 2022 Mis à jour le 14 mai 2022 à 8h33

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Affronter la Ford Nationregardless

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JEAN-FRANÇOIS DUGAS

Le Droit

Il faut une certaine dose de courage pour se présenter à des élections. D’autant plus, certains diront-ils, lorsqu’on se mesure à un adversaire de taille, un premier ministre de surcroît. Pourtant, le 2 juin prochain, jour des élections provinciales en Ontario, le nom de Julie Lutete se trouvera sur le bulletin de vote dans Etobicoke-Nord, épicentre de la Ford Nation, et de son chef, Doug Ford.

Au bout du fil, la candidate du Parti libéral de l’Ontario (PLO) ne semble pas intimidée par son opposant progressiste-conservateur et son armée de fidèles, omniprésents dans son fief de Toronto.

«Pourquoi Etobicoke-Nord? Je n’ai même pas regardé qui était là comme député provincial, prétend-elle. Bien sûr que je connaissais Doug Ford, mais ce n’était pas cela ma préoccupation. Je me suis dit que la meilleure circonscription dans laquelle je pouvais me présenter était Etobicoke-Nord parce que j’ai vécu-là pendant plus de 15 ans. C’est aussi la circonscription où j’ai fait des activités auprès des communautés […] C’est ce qui m’a poussé à m’y présenter, regardless.»

Encore bien engagée aujourd’hui auprès de ses concitoyens, Mme Lutete assure également la présidence de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario. L’organisme représente cette communauté à l’échelle provinciale. En 2009, elle était devenue vice-présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, qui représente toujours l’ensemble des Franco-Ontariens.

« Les francophones ont une place importante ici au Canada et particulièrement en Ontario. »

 Julie Lutete est candidate du Parti libéral de l’Ontario dans Etobicoke-Nord.

La piqûre politique se développe au fur et à mesure que la principale intéressée s’investit dans sa communauté. C’est là qu’elle s’approprie les valeurs libérales, sans pour autant croire qu’elle puisse effectuer un saut en politique active.

«Quand je regardais le système, je ne pouvais même pas penser me présenter parce qu’il n’y avait pas d’opportunités», se souvient-elle.

Petit à petit, elle devient bénévole. Puis, en 2018, lors de la course au leadership du PLO, elle s’engage activement comme déléguée de Steven Del Duca, aujourd’hui chef du parti.

«C’est à partir de ce moment que j’ai suivi tout le processus. Et quand il était temps d’une nomination, j’ai donné mon nom pour la circonscription d’Etobicoke.»

Première visite brutale

Or, ce parcours parsemé de succès ne dit pas toute l’histoire.

Mme Lutete débarque au Canada de la République démocratique du Congo (RDC) en 1997, officiellement du moins. Trois ans plus tôt, sa première visite au pays lui avait laissé un goût plutôt amer en bouche. Elle s’y était rendue après avoir appris que sa sœur aînée, une Torontoise d’adoption, avait été hospitalisée à l’Hôpital général de Scarborough.

«C’est une nouvelle qui a bouleversé toute la famille. Je suis arrivée et le médecin m’a fait comprendre qu’il n’y avait rien à faire. Elle était condamnée à mourir.»

Dès lors, Mme Lutete décide de ramener sa sœur dans son pays d’origine pour qu’elle puisse terminer ses jours auprès de sa famille. Or, le gouvernement de l’Ontario refuse de laisser partir sa nièce et son neveu, même si personne n’a l’intention de rester au Canada. Éventuellement, les enfants sont placés dans des familles d’accueil. Leur mère décède un mois après avoir regagné ses pénates.

Fuyant la guerre en RDC, Mme Lutete choisit de s’établir au Canada afin de retrouver les jeunes membres de sa famille.

«Malheureusement, l’aide à l’enfance n’a pas voulu me confier les enfants, ce qui m’avait beaucoup dérangée.»

Toutefois, la situation change lorsqu’ils atteignent l’âge de 16 ans. Ils déménagent chez leur tante.

« Comme je venais d’Afrique, je ne connaissais pas le concept du bilinguisme. En Afrique, on pensait que le Canada était un pays bilingue et donc, partout où l’on se trouverait, on entendrait l’anglais et le français. La réalité est différente… Je me disais comment une grande ville du Canada peut avoir des difficultés de parler en français »

 Julie Lutete, candidate du Parti libéral de l’Ontario

Le Canada bilingue?

À cela s’ajoutent plusieurs barrières pour la nouvelle arrivée, tant linguistique que dans son intégration en général.

«Comme je venais d’Afrique, je ne connaissais pas le concept du bilinguisme. En Afrique, on pensait que le Canada était un pays bilingue et donc, partout où l’on se trouverait, on entendrait l’anglais et le français. La réalité est différente… Je me disais comment une grande ville du Canada peut avoir des difficultés de parler en français […] Dès que j’ai compris que le système était un peu (bilingue) seulement, j’ai décidé d’aider les autres personnes.»

C’est toute cette chaîne d’événements qui la pousse donc à créer l’Auberge francophone d’accueil en 1999.

Le lieu devient une véritable plaque tournante pour les nouveaux arrivants francophones, voire des demandeurs d’asile en provenance des États-Unis lors d’une période précise. Tous étaient à la quête de ressources dans leur langue maternelle. Mme Lutete a acquiescé.

«J’ai décidé de commencer à aider les immigrants francophones pour qu’ils ne connaissent pas les mêmes difficultés que moi»,

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Mme Lutete dit redoubler ses efforts pour créer LA surprise des élections ontariennes. Tous les jours, elle effectue du porte-à-porte et répète ces messages, notamment la nécessité du fait français.

INSTAGRAM DE LA CANDIDATE JULIE LUTETE

Et où pensez-vous que cet organisme a pignon sur rue à ce jour? Etobicoke.

Impossible?

Mme Lutete dit redoubler ses efforts pour créer LA surprise des élections ontariennes. Tous les jours, elle effectue du porte-à-porte et répète ces messages, notamment la nécessité du fait français.

«Les francophones ont une place importante ici au Canada et particulièrement en Ontario», plaide-t-elle.

Les stratèges du PLO en ont toutefois échappé une. Le site Internet officiel de la campagne de l’aspirante députée, préparé par le parti, est entièrement en anglais, sauf pour le mot libéral.

«Nous sommes en train de travailler là-dessus», assure la candidate recrue.

«Nous avons plus de bénévoles anglophones que francophones», se désole-t-elle.

Malgré cette bévue, Mme Lutete n’est pas prête à capituler de sitôt. Elle mise sur la promotion et la mobilisation pour que les membres de la diversité et les francophones — plus nombreux qu’autrefois — choisissent son nom dans l’isoloir.

«Rien n’est impossible. Rien n’est impossible», répète-t-elle en fin d’entretien.