La CNFO s’exprime par son vice président sur les élections actuelles en Ontario !
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Jean-François DugasÉlections ontariennes: la communauté noire peu visée, peu intéressée

JEAN-FRANÇOIS DUGAS

Le Droit

Francophonie, condition des Noirs et immigration : les enjeux préoccupant la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario (CNFO) tardent à être abordés en cette campagne électorale provinciale, engendrant ainsi une perte d’intérêt au sein de la communauté représentée par l’organisme porte-parole.

Nonobstant les promesses électorales du Parti libéral de l’Ontario en matière de francophonie plus tôt cette semaine, le «peu d’intérêt pour la francophonie», irrite le vice-président de la CNFO, Patrick Auguste.

«Aucun des chefs de partis actuels ne parle français. C’est vraiment préoccupant pour l’image de la francophonie, car ils ne font même pas d’efforts», accuse-t-il.

« Le premier ministre ne prononce presque jamais un mot de français, même s’il devrait l’effectuer de façon diplomatique, mais ça ne l’intéresse pas »

 Patrick Auguste, vice-président de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario

M. Auguste pointe particulièrement du doigt le chef du Parti progressiste-conservateur, Doug Ford, qui mène actuellement dans les sondages.

«Le premier ministre ne prononce presque jamais un mot de français, même s’il devrait l’effectuer de façon diplomatique, mais ça ne l’intéresse pas», affirme-t-il.

M. Auguste doute d’ailleurs que ce dernier porte vraiment attention au fait français en province, malgré certains correctifs apportés au cours de son mandat après avoir sabré des acquis francophones.

«Après des coupes drastiques (du jeudi noir), il a fallu une manifestation (à Ottawa), sans cela il n’aurait rien fait. Et même là, c’était juste une façon de calmer les Franco-Ontariens», croit-il en rappelant que le Commissariat aux services en français n’existe plus sous la même forme qu’autrefois.

À cet effet, le Nouveau Parti démocratique de l’Ontario a promis de rétablir l’indépendance de l’entité s’il est élu le 2 juin prochain.

« On remarque que le fédéral a effectué plusieurs investissements pour soutenir les Noirs en matière d’économie, pour se lancer en affaires, par exemple, mais nous n’avons rien observé du côté provincial. C’est comme si nous sommes sur deux planètes différentes. »

 Patrick Auguste, vice-président de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario

Noirs et immigration

M. Auguste déplore également l’absence d’appui pour la communauté noire dans son ensemble.

«On remarque que le fédéral a effectué plusieurs investissements pour soutenir les Noirs en matière d’économie, pour se lancer en affaires, par exemple, mais nous n’avons rien observé du côté provincial. C’est comme si nous sommes sur deux planètes différentes.»

Par ailleurs, plusieurs intervenants et leaders francophones en milieu minoritaire clament que l’avenir du fait français passe par la francophonie mondiale, particulièrement par des immigrants des pays d’Afrique. Or, le Canada peine à attirer ces nouveaux arrivants depuis 20 ans, malgré la mise sur pied d’une stratégie fédérale en 2003 pour accueillir plus de francophones dans des milieux minoritaires, comme l’Ontario.

«De façon chronique, les cibles du Canada et (par extension) de l’Ontario n’ont jamais été atteintes, en fait, elles ont été loin d’être atteintes. De plus, il n’y a aucune initiative provinciale pour permettre d’améliorer le taux d’immigration francophone des Noirs», critique M. Auguste.

Peu d’intérêt en général

Selon le vice-président de la CNFO, les enjeux qui préoccupent la communauté noire francophone ne figurent pas vraiment dans le débat actuel.

«On se sent peu touchés par le processus actuel. C’est dommage parce que ça peut impacter à la baisse le taux de votes et on se retrouverait avec un gouvernement encore moins légitime.»

M. Auguste estime que le «timing» de cette élection explique aussi en partie le désintérêt de la communauté noire dans l’exercice démocratique provincial.

«Je crois qu’il y a un effet combiné de facteurs : le printemps est arrivé, le déconfinement fait en sorte que les gens veulent sortir, veulent se rencontrer, voir leurs amis et leur famille. Nous avons été privés de cela pendant longtemps. Je ne pense pas que les gens ont envie d’une élection.»